L’incendie des Cévennes

Publié le 07/12/2011 à 08:24 par cevennes Tags : vie travail mort incendie cevennes languedoc

Un terrible désastre qui fit en octobre, novembre et décembre 1703, un véritable désert des Hautes Cévennes.

L’on était au fort de la Guerre des Camisards. L’armée royale s’époumonait à les poursuivre. Jean Cavalier tenait la plaine avec sa troupe. Tout là-haut, dans les montagnes cévenoles, l’autorité du roi n’était plus reconnue.

C’est en juillet 1703 que germa l’idée folle de « razer » les Hautes Cévennes, pour priver les Camisards d’abris et de nourriture, puis effrayer les populations de la Gardonnenque et de l’Uzège.

Basville, l’Intendant du Languedoc, conçut avec le Maréchal de Montrevel, gouverneur militaire de la province, un plan pour raser 31 paroisses cévenoles et les dépeupler.

C’est le 18 septembre 1703 que le roi donna l’autorisation de détruire une partie de son royaume et d’en déporter la population loin de ses foyers ancestraux.

Les 31 paroisses tenaient dans un quadrilatère compris entre Florac, Génolhac, l’Aigoual et la ville d’Alès. Cette zone contenait plus de 600 villages, grands et petits, ainsi que des hameaux, peuplés en tout de 13 000 à 14 000 personnes, avec des catholiques qui vivaient parmi les protestants.

A la fin de septembre, trois colonnes de soldats royaux et de miliciens gévaudanais se ruèrent sur les Hautes Cévennes et commencèrent le « razement ».

Le travail, cependant, ne fut pas facile. Les maisons cévenoles étaient de pierres dures ; elles étaient éparpillées dans les montagnes avec des chemins affreux pour les atteindre ; puis l’on était, au début de l’automne avec le froid et les pluies.

Donc, et comme cela n’avançait pas assez vite, les autorités demandèrent au roi la permission d’incendier les Cévennes.

L’accord du roi arriva le 20 octobre. De ce moment-là et jusqu’à la mi-décembre 1703, les Hautes Cévennes furent la proie des flammes. Le 14 décembre, enfin, l’un des bourreaux du pays cévenol, le Maréchal de Camp Julien, envoya son dernier rapport à Chamillart, le ministre de la guerre. Il y avait ajouté la liste des 31 paroisses brûlées et dépeuplées et avait achevé son rapport de sa main avec le mot « Finy ».

Dans les montagnes, plus de troupeaux, plus de bruits de sonnailles, plus de vie. Toutes les maisons, tous les hameaux, toutes les bergeries et les cabanes avaient été livrés au feu. Une terrible puanteur de mort et de brûlé imprégnait les crêtes, les montagnes et les ravins.

Les gens avaient été concentrés dans les villes ou bien enfermés dans les casernes de Perpignan où ils survivaient comme ils pouvaient. Beaucoup de Cévenols, toutefois, s’étaient enfuis dans les bois et les châtaigneraies où, tout l’hiver et tout le printemps de 1704, l’armée royale les pourchassa et les tua.

Tout cela s’est passé, il y a 300 ans, sous le règne de « Louis le Grand».